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Mai 23,2017 0 Comment
LA PERCEPTION OLFACTIVE : LES MÉCANISMES DE L’ODORAT

À l’heure où l’odorat n’a jamais été aussi précieux, il est important de comprendre le mécanisme bien rodé qui fonctionne entre notre nez et notre cerveau. De l’inspiration jusqu’aux souvenirs parfumés, comment la perception olfactive se met-elle en place ? Comment peut-on identifier et différencier une multitude d’odeurs, en ayant pourtant du mal à les qualifier avec de simples mots ? Partons à la découverte du voyage des odeurs, de la détection jusqu’à leur perception.  

Mais en fait, c’est quoi une odeur ?

En tant qu’être humain, nous sommes capables d’identifier et de distinguer plusieurs milliers d’odeurs. Alors avant de comprendre comment fonctionne l’olfaction, attardons-nous un instant sur ce qu’est une odeur. En fait, presque toutes les odeurs représentent un savant mélange de centaines de molécules odorantes différentes. L’odeur chaude et réconfortante du café qui vous chatouille le nez de bon matin se compose en réalité d’environ 800 substances olfactives diverses et variées ! Ces molécules volatiles sont libérées dans l’air pour finalement parvenir à nos narines. Notre cerveau n’est pas capable d’identifier précisément toutes les molécules qui entrent dans le nez. Il lui suffit de quelques composés pour détecter une odeur précise. Par exemple, la molécule odorante d’éthylvaniline sent la vanille et celle d’acétate d’isoamyle évoque la banane. Chacun de nous percevra un nombre d’odeurs différent selon nos capacités et l’entrainement de notre nez (retrouvez quelques exercices pour devenir un champion de l’olfaction).

La valse à trois temps de la perception olfactive

De la détection jusqu’à la perception et l’« enregistrement » dans notre cerveau, l’odeur suit un chemin précis selon plusieurs étapes au sein de zones différentes. Ce processus est guidé par un système cérébral bien huilé, présent chez tous les mammifères : le système olfactif.

La rencontre des odeurs

Avant de rentrer dans le vif du sujet (et dans le fond de notre nez), la toute première étape se situe dans l’air. Ainsi, lorsque nous inspirons, plusieurs centaines de molécules odorantes qui flottaient jusqu’alors dans l’air, entrent dans notre nez. À l’origine de toute perception olfactive il y a donc une molécule assez volatile pour être véhiculée par l’air et suffisamment hydrophile pour être absorbée par le mucus de notre cavité nasale. Les molécules cheminent donc jusqu’au fond de nos narines, dans notre cavité nasale, pour baigner quelques instants dans le mucus, ce liquide qui coule généreusement de notre nez quand nous sommes enrhumés !

Capturer les molécules odorantes

La captation des odeurs se déroule donc au fin fond de notre nez et pas dans nos narines. Ici, on trouve plusieurs millions de neurones olfactifs. Ces neurones sont pourvus de cils (on parle de cellules ciliées) qui constituent nos récepteurs olfactifs. Chaque neurone possède un seul type de récepteur, qui est reproduit à plusieurs milliers d’exemplaires. Le temps que les molécules odorantes soient retenues dans le mucus, les récepteurs olfactifs se mettent en marche pour capter et détecter l’odeur. L’être humain est doté de 400 types de récepteurs différents, alors que les rongeurs en détiennent plus de 1000 et environ 2000 pour l’éléphant ! Mais cela ne signifie pas que nous ne pouvons sentir que 400 parfums différents. Un récepteur peut identifier plusieurs molécules, et une molécule peut activer plusieurs récepteurs : cela permet donc une multitude de combinaisons possibles.

Codage et décodage : la lecture de l’odeur

Pour qu’une molécule devienne odeur, il faut continuer le chemin un peu plus loin dans le cerveau. Lorsque les molécules sont captées, les informations sur l’odeur sont transmises à un organe présent chez tous les vertébrés : le bulbe olfactif. Placé entre les deux yeux et de la taille d’un gros Tic Tac, cette zone est elle aussi composée de neurones capables de déchiffrer les informations reçues de la part des neurones olfactifs. Le bulbe va alors coder ces données, en construisant une sorte de carte d’identité pour chaque odeur.

Une analyse fine

Bibliothèque de souvenirs et d’émotions

Ces informations codées sont ensuite transmises aux différentes zones du cerveau liées à la perception olfactive. C’est d’abord le cortex piriforme (qui ressemble à une poire, d’où son nom) qui va lire l’information. Cette zone est chargée de reconnaître toutes les cartes d’identité olfactives. C’est ce cortex qui définit la perception d’un objet ou d’un autre. Lorsque vous sentez du café, le cortex piriforme retrouvera la carte d’identité de cette odeur déjà enregistrée pour vous informer que vous êtes en train de sentir du café.

L’odeur est également acheminée vers l’hippocampe, le lieu où se construisent et se stockent nos souvenirs. C’est le siège de notre mémoire olfactive, véritable bibliothèque d’évènements plus ou moins conscients. Elle nous renvoie aussi bien vers notre enfance que vers des jours plus récents.

Enfin, l’information est envoyée vers les amygdales, une zone de notre cerveau en forme d’amande qui est liée aux émotions. C’est ici que va se former le « j’aime » ou « je n’aime pas ». Le cerveau va ainsi teinter l’odeur d’un aspect positif ou négatif. Que l’odeur du café vous réconforte ou au contraire, vous rebute, c’est au niveau des amygdales que ça se passe.

La perception olfactive, un mécanisme vital

Toutes les zones de notre cerveau liées à la perception olfactive communiquent entre elles. Mais c’est finalement le cortex orbitofrontal, situé juste au-dessus de nos yeux, qui va trancher. C’est la dernière étape dans l’intégration de l’odeur, qui aboutira ensuite à une prise de décision. S’approcher d’une odeur ou s’en éloigner, préférer ce parfum plutôt que celui-ci, boire ou non ce café. Cette zone est d’ailleurs l’une des plus actives chez les parfumeurs, qui la sollicitent assidûment. Et c’est grâce à ce cortex que l’odorat figure comme un mécanisme primaire, encore plus développé chez nos amis les animaux. C’est lui qui prend en compte toutes les informations pour nous éloigner du danger que peut représenter une odeur. Il s’agit donc là d’un formidable outil dont nous disposons tous, que l’on peut éduquer et entrainer pour encore plus profiter de l’infinie diversité des odeurs qui nous entourent !

Connaissiez-vous les mécanismes de la perception olfactive ?

Sources: CarrementBelle

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sylla malick

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